jeudi 23 mars 2023

Exposition / 1997, Fashion Big Bang / Palais Galliera

 

L'exposition « 1997, Fashion Big Bang » au Palais Galliera explore les collections Haute-Couture entre 1996 et 1998 en mettant l'accent sur la saison printemps/été 1997 définis par Vogue Paris comme le « Big Bang ».

C'est une période charnière qui lança les défilés spectacles du début du nouveau millénaire et qui mit en lumière des couturiers super-stars.
Des nouveaux noms sont placés à la tête de grandes maisons de couture parfois un peu vieillissante : John Galliano chez Dior, Alexander McQueen chez Givenchy ou encore Nicolas Ghesquière chez Balanciaga.
En parallèle, des couturiers déjà installés explosent de créativité comme Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier ou Christian Lacroix et d'autres débutent leurs carrières comme Martin Margiela, Jeremy Scott, Martine Sitbon, Hedi Slimane, Stella McCartney ou Olivier Theyskens.

Les défilés deviennent des histoires, les mannequins des personnages. Ce sont de véritables shows, diffusés dans le monde entier.
On mélange les codes culturels, historiques et ethnographiques à la truelle.
C'est beau, même splendide, mais avec un regard actuel, on ne peut s'empêcher de se poser des questions sur l'appropriation culturelle de certaines pièces.

Les stars ont aussi une importance en mettant dans la lumière ces créations en les utilisant pour parfaire leur univers. Je pense à Madonna avec la robe "sorcière/gothique" de Ghesquiere qu'elle portera lors d'une soirée des Golden Globe et qui définira son album "Frozen" (les robes de son clip sont signées Gaultier). Et il y a aussi le kimono crée par McQueen pour la couverture de l'album "Homogenic" de Bjork.

En 1997, j'avais 15 ans, je découvrais la mode en regardant Mode 6, un petit encart de quelques minutes qui présentait les défilés sur M6. J'étais fascinée par cet univers qui racontait des mondes fantastiques.
Aujourd'hui, nous pouvons aussi en constater les limites, surtout si on songe au destin de certains couturiers (morts prématurées, chirurgies esthétiques à outrance ou comportements problématiques). D'autres se sont éloignés de la mode ou ont réussi, heureusement, à tenir jusqu’à maintenant avec brio.

On peut aussi se questionner sur la médiatisation actuelle des défilés où la liste des invités est presque devenu plus importante que les vêtements présentés. J'ai la sensation que l'aspect financier à grande échelle a pris le pas sur « l'explosion » de créativité et c'est aussi un des intérêts de cette exposition: retourner en arrière, analyser le passé pour comprendre le présent.

     Olivier Theyskens  / Alexander McQueen pour Givenchy

    Jeremy Scott

    Alexander McQueen pour Givenchy

 
Costumes du film "Le 5eme élément" par Jean-Paul Gaultier / Collection "Insectes"par Thierry Mugler
 
 
 John Galliano / Jean-Paul Gaultier

  
Campagne publicitaire pour "Guy Laroche par Albert Elbaz" par la photographe Katerina Jebb.

La photographe va littéralement scanner les mannequins allongés sur un appareil Canon échelle 1. Cela me rappelle tellement mes années de Bts Stylisme de mode où on s'amusait à photocopier tout et n'importe quoi pour faire des images (il y avait un bug sur l'appareil et on pouvait les faire gratos).

    Costumes du ballet Scenario de Merce Cunnigham par Rei Kawakubo

 


mercredi 30 novembre 2022

Exposition / Frida Kahlo, au-delà des apparences / Palais Galliera

 

En 2004 la salle de bain murée de Frida Kahlo dans sa maison la Casa Azul est ouverte, révélant des trésors de l'artiste mexicaine.

Photos, dessins, écrits, et des objets plus personnels comme ses vêtements, son maquillage, ses bijoux, ses médicaments, ses corsets orthopédiques ou encore sa prothèse de jambe sont découverts.

L'exposition au Palais Galliera nous présente ces objets si intimes, qui offrent un autre regard sur elle, un regard touchant et émouvant sur une femme au corps meurtri. 
Ce corps a forgé son art et son expression, la poussant à cacher ses douleurs sous des vêtements et accessoires colorés et paradoxalement à étaler cette même souffrance dans ces tableaux.

J'avais vu la même expo à Londres et j'avais été bouleversée de la découvrir de cette façon, bien loin du cliché surexploité qu'on connait.
 
 

lundi 3 juin 2019

JR au Louvre et le secret de la Grande Pyramide ♦ Paris



Fin mars, le musée du Louvre célébrait les 30 ans de la pyramide qui trône dans sa cour principale.
A cette occasion ils ont encore fait appel à l'artiste JR qui a réalisé un magnifique trompe-l’œil en papier où la pyramide s'enfonce dans un gouffre gigantesque.



L'illusion n'était vraiment visible que depuis certains balcons du musée, non accessible au public.
Elle n'était appréciable que sur des photos et sur un écran géant présent sur le site.

Au sol c'était une tout autre impression qui se dégageait. Les formes étaient déformées à l’extrême, me donnant la sensation d'être sur une rivière en mouvement.
Les illusions sur les petites pyramides étaient elles parfaitement appréciables vue du sol.



Les petites pyramides.



Mais l'effet vraiment inattendu était la dégradation de l’œuvre.
Sa fragilité venait de sa nature même : du papier et de la colle.
Le soleil et la forte chaleur de ce week-end a fait se décoller des morceaux, quand d'autres ont été arrachés par des visiteurs peu scrupuleux ou juste par le passage répété des badauds.

J'ai adoré observer les gens qui prenaient des photos mais en même temps je me suis énervée sur un pauvre mec qui découpait des morceaux immenses pour les glisser dans son sac ( pour les revendre?).

Le vent faisait parfois danser tous ces petits papiers dans un magnifique ballet.

Une atmosphère de fin du monde se dégageait de l'endroit et c'était fascinant à observer.
J'ai moi-même ramassé des bouts déjà abîmés que j'ai gardé précieusement depuis.

 

Il y a eu beaucoup de polémique autour de cette œuvre et j'ai adoré la façon de répondre de JR.

D'abord il y avait l'aspect écologique qui pourtant a été pris en compte puisque le papier a été récupéré et recyclé et surtout qu'il était imprimé avec de l'encre non toxique.

Ensuite c'était l'aspect éphémère qui sonnait comme une arnaque mais qui pour l'artiste faisait partie intégrante de l’œuvre : « The images, like life, are ephemeral».
Personne ne pouvait prédire comment cela évoluerai ( tellement de facteur à prendre en compte ) et c'est justement ça qui était beau.
J'ai moi-même beaucoup râlé sur les gens qui déchiraient des morceaux.
Pour JR cela faisait aussi parti de son œuvre, les morceaux emportés (qu'importe la manière) peuvent continuer à vivre ailleurs. Il a d'ailleurs beaucoup montré en story instagram comment les visiteurs les ont subtilisés et ce qu'ils en ont fait après.
Il y avait aussi une vidéo montrant un petit garçon de deux/trois ans aidant un agent d'entretien a ramasser les papiers par terre.

L'autre point de discorde était que l'installation a été faite par des bénévoles, donc accusation d'exploitation mais il est bien noté que c'est une œuvre participative. C'est chouette aussi un projet qui se base sur l'entraide.

Après je ne suis pas naïve, il y a peut-être du vrai dans ses accusations et un peu d'angélisme de la part de JR. Mais on peut aussi essayer de voir au-delà des choses et s’émerveiller quand des gens tentent des projets un peu différents. Cette œuvre était aussi une expérience dont on ne connaissait pas entièrement le résultat à l'avance.

 

Bref, j'ai adoré l'exploit en lui-même de ce trompe-l’œil géant mais aussi tout ce qu'il a pu susciter comme réaction et action.
Il me semble qu'une création est réussie si elle provoque des sentiments et qu'elle ne laisse pas indifférente, de ce point de vue là c'est gagné!